Le casse-tête des correspondants en presse locale

Ils prennent part à plus de 70 % des contenus publiés dans la presse écrite. Les correspondants locaux sont essentiels à la production d’informations. Pourtant leur statut ne fait plus recette par manque d’attractivité.

Le casse-tête des correspondants en presse locale

Ils prennent part à plus de 70 % des contenus publiés dans la presse écrite. Les correspondants locaux sont essentiels à la production d’informations. Pourtant leur statut ne fait plus recette par manque d’attractivité.

En France, 30 000 correspondants locaux depresse (CLP) étaient en activité en 2023 selon la CFDT. Un chiffre conséquent, qui reflète des situations hétérogènes : ces couteaux suisses des rédactions, qui sont les yeux et les oreilles des journalistes au plus près des territoires, se trouvent essentiellement en zone urbaine, mais sont plus difficiles à dénicher dans les campagnes profondes.
Leur rôle est pourtant primordial dans la couverture de l’information locale des territoires. « Les CLP sont une véritable force pour la presse. Sans eux, il n’y aurait pas ou difficilement de journal », confie Alexandra Georges, responsable des affaires sociales de l’Alliance de la presse d’information générale. Un argument partagé par Marie Mangane, éditrice en chef pour Publihebdos : « Les CLP sont essentiels pour couvrir le territoire et ses actualités. Ils habitent dans des lieux depuis des décennies, qu’ils connaissent comme leur poche. »

Un statut dépassé

L’éditrice avoue que dans certaines zones rurales, trouver des correspondants relève de l’impossible. La faute, entre autres, à leur statut précaire : « Faire des papiers est peu rémunérateur, à la vue du temps passé [sur les sujets]. Des demi-journées parfois, pour gagner quelques dizaines d’euros », note Marie Mangane.
La revalorisation de leur rémunération n’est pourtant pas à l’ordre du jour, la presse écrite étant fragile financièrement. Néanmoins, certains y pensent, comme l’éditrice de Publihebdos : « Nous réfléchissons à l’éventualité de solliciter moins de correspondants, qui seraient mieux payés en échange d’articles plus qualitatifs », explique-t-elle. Une diminution qui pourrait en même temps s’accélérer avec la transition numérique : « On utilise de plus en plus le web comme canal de diffusion. Or, les CLP sont souvent associés au print », observe l’éditrice en chef.

Les jeunes, une solution miracle ?

La PHR peut-elle miser sur les jeunes pour répondre au manque criant des CLP, ces relais indispensables des territoires ? L’idée paraît belle sur le papier, moins dans la pratique. « Il est parfois compliqué de travailler avec des jeunes, qui vont être de sortie le week-end. Ils sont aussi moins investis dans la vie communale, par rapport aux retraités », confie Marie Mangane. Une réalité confirmée par Elsa Sename, étudiante en journalisme et correspondante à La Voix du Nord de Béthune : « Quand on est étudiant, faire de la correspondance, c’est compliqué. On a nos études à gérer, les sorties… On n’est pas toujours libre en journée ou en soirée. « 

Une prime à la vidéo

Au-delà de la faible rémunération et des contraintes temporelles, il y a aussi celle du déplacement : « J’ai fait l’académie de l’ESJ Lille et j’étais quasiment la seule correspondante locale de presse au sein de ma promotion », poursuit Elsa Sename. « Je pense que le manque de moyens de transport jouait, tout comme le manque de sérieux de certains éditeurs pour verser les sommes dues. Pour ma part, c’est par passion que je le fais ».
La jeunesse, Antoine James, chef d’édition à L’Avenir de l’Artois, y croit : « L’avantage des nouvelles générations, c’est leur aisance avec les outils numériques, constate le journaliste de 25 ans. Des discussions sont en cours au sein de notre groupe, pour revaloriser la prime des correspondants réalisant des vidéos.  » Certaines lignes semblent évoluer, même si la formule magique reste encore à trouver.

Dylan Pique

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