Le 26 novembre, Ouest France se réinvente sur le papier

C'est une véritable révolution : le 26 novembre 2025, Ouest France modifie sa maquette. Terminé l'Helvetica et les photos parfois microscopiques : le quotidien breton se réinvente totalement dans sa version papier, sans changer ni sa pagination, ni son volume global d'informations.

Le 26 novembre, Ouest France se réinvente sur le papier

C'est une véritable révolution : le 26 novembre 2025, Ouest France modifie sa maquette. Terminé l'Helvetica et les photos parfois microscopiques : le quotidien breton se réinvente totalement dans sa version papier, sans changer ni sa pagination, ni son volume global d'informations.

Tel un menhir breton, la maquette de Ouest France parait avoir traversé le temps. A tel point que même au sein du quotidien breton, on ne se souvient plus de la date exacte de sa dernière modernisation graphique. Mais le 26 novembre 2025, ce sera une révolution : le titre apparaîtra sous un tout nouveau jour dans sa version papier, qui était imprimé encore quotidiennement à près de 450 000 exemplaires en 2024-2025. Avec quelques innovations majeures : une typographie totalement nouvelle, une plus large place laissée à la photo et aux papiers longs, sans pour autant réduire le nombre d’articles. Le tout habillé dans un design beaucoup plus moderne, coloré et aéré.

L’histoire de ce relooking va de pair avec le forum « Ouest France et vous », né lors du Covid-19, pour répondre aux questions des lecteurs. La page de la pandémie tournée, l’outil demeure pour garder un lien constant avec les lecteurs. Et en 2023, ces derniers sont interrogés sur la manière dont ils appréhendent le quotidien, sur ce qu’ils aiment ou pas. Quelques mois plus tard, c’est au tour des collaborateurs du titre de répondre aux mêmes interrogations. Et de ces deux études ressort une bonne notoriété de Ouest France, avec un taux d’autant plus fort que l’on s’approche du cœur de la zone de diffusion.
Par contre, lecteurs comme salariés notent une certaine rusticité -ou absence de modernité- de la maquette, tout comme des faiblesses dans la hiérarchisation de l’information. En clair, le lecteur ne perçoit le journal pas aussi bien que ce que ceux qui y travaillent le pensaient.

Une designeuse québécoise à la manœuvre

Alors, en 2024, une démarche pour améliorer l’aspect visuel du titre est enclenchée. Démarche visant également à conforter la base des abonnés, mais aussi à redynamiser le titre auprès des annonceurs. Et c’est Lucie Lacava qui est choisie pour créer la nouvelle ligne graphique de Ouest France. Cette Montréalaise n’est pas vraiment une inconnue dans le monde du design graphique, même si elle a réalisé, avec son studio, la plupart de ses réalisations pour des titres nord-américains (Le Devoir au Québec ou le Washington examiner aux USA), asiatiques (The Straits Times à Singapour) ou africains (The East african ou The Nation, tous deux au Kenya).
La designeuse a reçu plus d’une centaine de prix lors de sa carrière et même, en 2010, un Life achievement award (récompense pour l’ensemble de sa carrière et apport au monde du design de presse) décerné par la Society for News Design, l’association de référence au niveau mondial. Le choix donc de l’excellence, même si les critères du design français ne sont pas exactement les mêmes que ceux que l’on retrouve ailleurs sur la planète…

Les Unes du Straits Time et du devoir, redesignées par Lucie Lacava.

Quelques mois plus tard, le projet avance, et un comité de pilotage composé de 60 collaborateurs de Ouest France est invité à donner son opinion et à amender la proposition. Pour arriver finalement à la maquette définitive qui sera inaugurée officiellement le 26 novembre.

Mais, d’ores et déjà, plusieurs grandes lignes s’en dégagent, comme un hiérarchisation beaucoup plus claire de l’information, une mise en couleurs des tétières (hauts de pages), mots clés au début des chapôs, des exergues… Une couleur qui était quasiment un tabou à Rennes ! La gestion du blanc a également été améliorée, ce qui n’est pas franchement difficile, vu la densité des textes dans les pages actuelles. Toutefois, cela a été pensé de manière raisonnée et subtile, sans réels vides dans les pages.

Un des changements majeurs est sans doute le changement de typographie. Exit l’Helvetica customisé pour le titre qui s’affichait sur les pages depuis des dizaines d’années. Place désormais à l’Austerlitz, une typographie française créée en 2020 par le fondeur Typofonderie, et qui est un lointain cousin de l’emblématique police Didot.

La police Austerlitz, créée par Typofonderie. DR

Particulièrement lisible et élégante, cette famille de typographie est extrêmement lisible et moderne, même si son empattement rappelle les familles de caractères les plus classiques. Et là encore, les lecteurs ont eu leur mot à dire. A tel point qu’une des innovations proposées par Lucie Lacava pourrait bien passer à la trappe : elle avait en effet prévu que les citations seraient désormais en italique, comme dans la plupart des journaux à travers la planète, et non en gras, comme c’est le cas actuellement à Ouest France. Le panel a visiblement assez peu goûté cette idée !

Un accompagnement du lecteur pour cette révolution

Parmi les autres changements prévus au fil des pages, une place plus importante laissée à l’illustration, ce qui a visiblement ravit les photojournalistes du titre, qui -on les comprends bien- en avaient peut être assez de voir leurs clichés réduits à un timbre-poste dans les pages. De même, l’infographie sera encore plus valorisée. Et les publicités verront leurs formats légèrement modifiés.
Enfin, en ce qui concerne les textes, Ouest France continuera à cultiver sa différence, en proposant certes des brèves, mais aussi plus de textes longs, que l’on retrouve par exemple chaque semaine dans les grands interviews. Les articles de 5000 signes continueront d’exister dans les pages, alors que la plupart des concurrents de PQR optent pour des 2500 à 3000 signes au maximum dans leurs colonnes. Un choix audacieux, mais qui peut être interprétée comme une plus value, un geste en direction des lecteurs qui aiment prendre le temps de la réflexion à travers les colonnes du journal.
La Une, quand à elle, verra de nombreuses modifications, l’emblématique logo demeurant bien sûr identique. Le nombre d’entrée pourrait être légèrement augmenté. La maquette sera par contre assez stable au fil du temps (à la différence par exemple de la Voix du Nord qui dispose de plusieurs modèles de Une différents, selon les infos du jour). Mais Ouest France ne s’interdit pas de casser sa Une si l’actualité l’exige, bien évidemment.

Les lecteurs appelés à décider

Chaque fois qu’un titre de PQR change de maquette, la réaction des lecteurs est très attendue. Et peut-être très violente. Ouest France a préféré éviter ce choc frontal et travaille depuis le mois de février avec des panels d’abonnés ou d’habitants de la zone de diffusion. C’est d’ailleurs lors de ces réunions de l’italique pour les citations a été retoqué ! Au delà, des vidéos vont être mises en ligne pour expliquer la jeunesse, le pourquoi du comment de cette évolution. 
Le quotidien rennais a même décidé de faire appel à ces habitants et lecteurs pour qu’ils prennent part aux conférences de rédaction. Quatre d’entre eux seront même invités, le 25 novembre -veille donc de basculement à la nouvelle maquette- à être rédacteurs en chef toute la journée, de la réunion de rédaction à l’impression du journal. Quelques heures qui devraient être vécues avec pas mal de stress par la rédaction et tous les collaborateurs du titre, confrontés aux surprises de dernière minute d’une tel changement !

Reste un aspect sur lequel les équipes de Ouest France travaillent depuis quelques temps : la formation des équipes. Des journalistes SR (secrétaires de rédaction) étaient au sein du « groupe des 60 », donc partie prenante de l’évolution du projet. Désormais, depuis la fin du mois d’octobre 2025, c’est l’ensemble des personnels chargés de la mise en scène de l’information sur le print qui suivent des plans de formation et de calibrage des textes, avec une prise en main de la maquette, avec , selon la direction, un accueil « assez positif« , d’autant plus que le système éditorial reste inchangé, ce qui simplifie quand même largement les choses.
Désormais, il ne reste plus qu’une dizaine de jours à tous pour s’entraîner et se préparer avant que le grand public ne découvre, le 26 novembre, le nouveau look de leur menhir informationnel.

Laurent Brunel

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