IA et presse locale : quelles stratégies ?

Depuis le Festival de l'info locale Près de deux ans après l'irruption de l'IA dans la vie des médias, quelles stratégies et quels usages pour la presse locale ?

IA et presse locale : quelles stratégies ?

Depuis le Festival de l'info locale Près de deux ans après l'irruption de l'IA dans la vie des médias, quelles stratégies et quels usages pour la presse locale ?

L’IA est une vraie révolution et elle concerne forcément toutes les entreprises de presse locale. Journaux, pure players et radios : tous recherchent comment l’utiliser de la meilleure manière… Petit tour d’horizon chez Sipa Ouest France, la radio RCF et l’Afdas (l’opérateur de compétences de la culture et des médias).

Jean Condé (Afdas) : « On est dans une phase de bouillonnement dans les entreprises… Si, dans la société, on a eu une phase d’émerveillement avec des outils tels que Chat GPT, au sein des entreprises, l’idée était de tenter d’être le premier à l’utiliser. Il y avait une injonction à l’innovation, y compris dans les médias.
Un an plus. tard, on a essayé, on a testé, et quand on interroge les rédactions, on se rend compte que les transformations sont minimes : pas de licenciements massifs ou d’automatisation généralisée du fait de l’IA.

Laurent Hué (Sipa Ouest France) : Il faut toujours penser aux utilisateurs, on travaillant bien les interfaces des lecteurs et des auditeurs, qui utiliseront ces IA pour nous consulter, pour s’informer ou se divertir.
Au sein de Sipa-Ouest France, on a une trentaine de filiales qui sont concernées par cette révolution qu’est l’IA. Il fallait mettre en commun les enjeux, les fondations techniques, mutualiser les expérimentations… L’enjeu était de créer du lien entre les entités, en définissant une stratégie commune.
La richesse d’un média, c’est la data : les articles, les vidéos… On a une banque de contenus hébergée chez nous, avec environ 100 millions de contenus. Il fallait la protéger et contrôler cette utilisation.
Ensuite, il fallait trouver les IA qui correspondent à nos besoins, avec des systèmes locaux, mais aussi des solutions de Microsoft hébergées en Europe. On est donc en technologie Open AI avec des lois européennes.
Une fois ces fondations techniques mises en place, on a créé un comité de groupe qui réunit des responsables des différentes filières.
Il faut ensuite former le personnel avec des journées de sensibilisation, partagées entre la théorie et la pratique. En fin de journée, on leur demande les cas d’usage dans lesquels l’IA pourrait les aider. Des idées ressortent et viennent alimenter une matrice dans lesquels ont définit les bénéfices, coûts et risques. On priorise donc les idées. On en a identifié plus d’une centaine actuellement, et on travaille désormais sur ces Pocs, en les expérimentant.On en est encore au stade des pilotes. Par exemple, cela peut être l’extraction de tags des articles (parmi les 12000 qu’utilise Ouest France).Il faut ensuite passer du Pocs au déploiement généralisé. Là, on parle formation, moyens techniques, organisation des tâches… Le comité étudie cela, également sur le plan éthique, et définit des recommandations.
On utilise par exemple ces nouvelles technologies pour transformer un article en podcast via une synthèse vocale, pour rechercher les trois « bullets points » (points fondamentaux) d’un article, pour vérifier la conformité des pubs par rapports aux normes et lois, ou encore pour générer des publicités automatiquement avec des templates (maquettes) prédéfinies…

L’IA parfaite… mais pas pour son métier !

Léa Lebec (radio RCF) : Dans notre radio, on a en premier lancé un audit interne. Et nos journalistes estimaient que générer de la voix était une hérésie, mais par contre la création de texte automatisée, c’était génial ! Le cas de figure classique : l’IA, oui, mais pas pour mon métier…
Aujourd’hui, on utilise les outils pour du speech to text, vu que Google ne référence pas les sons. C’est donc de la transcription automatique de la voix que nous avons en test. Nous étudions aussi l’amélioration des chapôs d’articles et la meilleure valorisation des podcasts.
On tient également à veiller à unifier les pratiques de nos différentes radios, qui sont étendues sur le territoire. D’ici la fin de l’année, nous aurons généralisé la charte éthique pour encadrer les usages. Enfin, nous travaillons aussi sur le référencement dans Google, avec la possibilité dans un futur proche que nos contenus, comme ceux de tous les médias, ne soient plus mentionnés par le moteur de recherche.

Propos recueillis par Laurent Brunel

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