Frédéric Berthelot : « Avoir un portable, c’est une privation de liberté »

À l'heure où la presse mise sur le web, Frédéric Berthelot, journaliste à l'Indépendant du Pas-de-Calais depuis 1995, renonce à suivre le mouvement et reste un journaliste déconnecté.

Frédéric Berthelot : « Avoir un portable, c’est une privation de liberté »

À l'heure où la presse mise sur le web, Frédéric Berthelot, journaliste à l'Indépendant du Pas-de-Calais depuis 1995, renonce à suivre le mouvement et reste un journaliste déconnecté.

Un téléphone fixe, une adresse mail, un appareil photo. Frédéric Berthelot est un journaliste “déconnecté”. Rédacteur à L’Indépendant du Pas-de-Calais depuis 1995, il ne s’est jamais mis au téléphone portable. Alors que son métier mise sur le web, il continue de résister.

La grande majorité des journalistes ont un portable aujourd’hui. Pas vous. Pourquoi ?

Je trouve que c’est un objet trop intrusif dans la vie personnelle. C’est une vraie contrainte car on est joignable toute la journée. Moi, quand je rentre chez moi, ma journée est terminée. Avoir un portable dans mon métier, c’est une privation de liberté. 

Un autre point qui me rebute à l’idée d’acheter un portable : l’outil devrait faciliter les relations sociales. Et c’est tout le contraire qui se passe. Je le vois en réunion au boulot : tout le monde a les yeux rivés sur son écran.

Lorsque vous partez en reportage, vous êtes donc injoignable. Comment vos collègues réagissent-ils ?

Ah bah, ils ont pris l’habitude et ils font avec ! (rires) Non, mais plus sérieusement, ça me pose des problèmes car les gens croient que je refuse de donner mon numéro alors que je n’en ai tout simplement pas. Alors, je leur explique pourquoi. Et parfois, après de longues discussions, ils me comprennent. Je vais peut-être en persuader certains d’arrêter le portable !

Selon une étude de l’Université de Canterbury Christchurch réalisée en 2016, 91 % des journalistes utilisaient les réseaux sociaux. Ce n’est pas votre cas. Mais comment faîtes-vous pour trouver des informations ?

Personnellement, je n’utilise pas ces plateformes. Mais parfois j’utilise le compte Facebook de L’Indépendant pour m’informer. On trouve des infos sur les réseaux sociaux. C’est le bon côté. Ce que je n’aime pas en revanche, c’est l’instantanéité. Selon moi, ça pousse les gens à diffuser de fausses informations et c’est dangereux. 

Sinon, je reste la plupart du temps sur le terrain. Je suis journaliste depuis 1995 et je n’ai pas changé ma manière de chercher l’information. En tant que journaliste local, si tu ne vas pas au conseil municipal ou au marché, tu n’es au courant de rien. Donc, ne pas être connecté ne me pose pas de soucis.

Dans votre vie privée, comment restez-vous au contact de vos proches ?

Mon épouse et mes enfants possèdent chacun un portable, donc si j’en ai absolument besoin, je peux leur emprunter. Mais moi, je n’en ai pas besoin. Mes proches savent que s’ils veulent me parler, il faut appeler sur le téléphone fixe de la maison.

Propos recueillis par Alan Sénicourt

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