Voilà un sondage, ou plutôt une consultation de la population française, qui ne risque pas de déchaîner les foules : chacun a en effet jusqu’à ce dimanche 30 novembre pour donner son opinion sur la distribution de la presse aux abonnés. Et, pour y répondre, il faut être particulièrement curieux et amoureux des méandres de la vie administrative ! La consultation se trouve en effet sur le site de la Direction générale des entreprises (DGE). Là, on trouve une page qui donne toutes les indications et surtout les modalités : il faut répondre par mail à une seule et unique question ouverte, « pensez-vous que la distribution de la presse aux abonnés pourrait être organisée autrement, et si oui comment ?« . Vous avez quatre heures pour y répondre !
Mission de service public
C’est la Correspondance de la presse qui a découvert le 18 novembre cette consultation ouverte pour un mois. Un sondage qui répond en fait à une obligation « pour respecter les règles européennes encadrant
l’octroi d’aides aux opérateurs en charge d’une mission de service public« . D’où l’austérité de la question…Mais pourquoi la DGE s’intéresse-t-elle à ce sujet ? La réponse est claire : « le Gouvernement souhaite confirmer l’adéquation de la mission de service public de transport et de distribution de la presse avec les besoins des usagers« . La solution du postage coûte en effet assez cher, et l’Etat voudrait depuis longtemps que les journaux et publications optent pour le portage. Mais les aides dites incitatives ne parviennent pas à compenser une réalité : trouver des porteurs est chose difficile. Sans oublier que si les quotidiens réussissent à développer un réseau de portage dans les zones de diffusions peuplées, celà est plus difficile en rase campagne ou au fond des vallées. Et, pour les hebdos locaux, c’est encore plus compliqué du fait de la périodicité (peu attractive pour créer un réseau) et/ou de la difficulté de se greffer sur un réseaux existant (celui du quotidien).
Aujourd’hui, les journaux bénéficient de tarifs préférentiels pour leur distribution par la Poste. En outre, cette dernière a des obligations : « la distribution de la presse, 6 jours sur 7, sur tout le territoire, à des tarifs préférentiels et uniformes en tout point du territoire, avec un haut niveau de qualité de service ». Une distribution « assurée toute l’année dans des conditions qui garantissent l’égalité de traitement des abonnés« .
Des centaines de millions d’euros d’économies en jeu
Cette consultation sera un des éléments pour faire avancer les discussions sur le sujet et -pour l’Etat- tenter de trouver des économies. « L’État souhaite recueillir l’avis de l’ensemble des parties prenantes », précise en outre le site de la DGE, notamment sur « l’adéquation aux besoins des usagers de la mission de transport et de distribution de la presse confiée à La Poste, dans ses contours actuels ; mais aussi la portée de la mission de transport et de distribution de la presse confiée à La Poste, notamment au regard de l’accès à l’information et du pluralisme.« . Et le volet économique est clairement annoncé dans un troisième point : » les pistes envisageables pour résorber le déficit de cette mission de service public » (le déficit net de ce service est passé de 254 millions d’euros en 2022 à 593 millions d’euros en 2024). Tandis que les conditions sont également discutées, puisqu’il est question de recueillir les avis sur « les modalités de mise en œuvre de cette mission ».
Près de 3000 publications sont directement visées par cette nouvelle discussion, mais il est clair que les périodiques locaux, quotidiens ou hebdos, sont concernés au premier plan. Aux éditeurs, donc, de se saisir de cette opportunité et de répondre à la consultation d’ici le 30 novembre pour tenter de faire pencher la balance en leur faveur.
















