Dans un paysage médiatique complexe et agité, il est souvent difficile de pour les indépendants de se faire une place au soleil. D’où l’idée du Collectif pour une transition citoyenne de lancer Coop Médias, une coopérative permettant de soutenir de « petits » médias, en leur donnant un coup de pouce financier, mais aussi une réelle visibilité. Explications avec Robin Saxod, le co-dirigeant (avec Lucie Anizon, et Julien Noé comme président avant la structuration complète d »‘ici quelques semaines du projet).
Quel est l’objet de Coop Médias ?
Il s’agit de rassembler au sein d’une coopérative d’intérêt collectif des médias indépendants, des associations, des entreprises, des particuliers, afin de promouvoir un paysage médiatique pluraliste. Le but premier, c’est aider et promouvoir ces médias, qu’ils soient nationaux ou locaux.
Quel était le but de la soirée de lancement du 9 octobre ?
Il s’agissait de donner de la visibilité à notre coopérative mais aussi et surtout de lancer réellement le levée de fonds. Les entreprises, associations, citoyens… peuvent souscrire à des parts sociales chez nous (à partir de 100 €, NDLR). Aujourd’hui, nous avons dépassé les 250 000 €, et notre objectif sera d’atteindre les 500 000 € d’ici la fin de l’année.
A quoi vont servir ces fonds ?
Le but premier de la coopérative, c’est l’aide au financement des médias indépendants. Nombreux sont ceux qui se confrontent à des refus de crédits de la part des banques, ou à des frais liés aux taux d’intérêt trop élevées. Nous pouvons donc ici apporter une aide remboursable. Le Collectif pour une transition citoyenne a déjà un savoir-faire puisque des initiatives liées par exemple à l’énergie, au déploiement de commerces dans les villages ont été lancées, en utilisant la même stratégie.
Le deuxième axe, c’est aider ces médias à se faire connaître. Par exemple, cela pourrait prendre la forme d’un portail multimédia qui rassemblerait des articles de ces médias pour leur donner de la visibilité. Le projet, qui pourrait être aussi décliné via des newsletter, est en phase de maturation et pourrait voir le jour en 2025.
Enfin, nous voulons lancer un plaidoyer : la cause de la presse indépendante peut devenir une cause sociale, essentielle à notre démocratie. Cela peut se traduire par des événements, de l’éducation aux médias…
Des médias vous-ont-ils déjà rejoints ?
On en compte déjà une quarantaine, qu’ils soient nationaux ou locaux, comme Médiacités, Basta, Disclose, les Jours, Marsactu… Plus une trentaine de sollicitations que l’on est en train d’étudier. Et des radios libres ou des web TV se rapprochent également de nous.
Nous travaillons aussi avec d’autres acteurs de la presse comme le Spiil (Syndicat de la presse indépendant d’information en ligne), le cabinet Médianes, ou encore des syndicats de journalistes.
Comment allez-vous choisir les médias qui seront aidés ?
Nous lancerons en 2025 des appels à financement, et nous choisirons donc, après analyse des dossiers; ceux que nous pouvons épauler. Il faut bien tenir compte que nous ne donnons pas des subventions à perte. L’argent que nous versons est destiné à être remboursé. On ciblera donc des médias qui veulent grandir (via un nouveau site, une restructuration éditoriale), mais il faut que le projet soit solide. Il sera en effet difficile d’octroyer des fonds à un média qui n’a pas le modèle économique pour survivre…
On parle également d’action de lobbying que vous pourriez porter…
Un des buts de la coopérative est le plaidoyer pour ces médias indépendants. Pour qu’ils vivent, il faudra donc taper à la porte des acteurs publics, comme le ministère. Mais, outre le national, il faudra penser au local, en mobilisant de même les acteurs des acteurs des régions pour que eux aussi travaillent à la préservation et l’indépendance des médias locaux.
Propos recueillis par Laurent Brunel
Pour rejoindre Coop Médias, rendez-vous sur le site de la coopérative : www.coop-medias.org