Budget 2026 : des aides essentielles pour les médias locaux divisées par deux

Déjà dans une situation très délicate, les médias locaux pourraient être encore plus impactées par des réductions massives d'aides de l'Etat. Les parlementaires ont jusqu'à la fin de l'année pour inverser la tendance.

Budget 2026 : des aides essentielles pour les médias locaux divisées par deux

Déjà dans une situation très délicate, les médias locaux pourraient être encore plus impactées par des réductions massives d'aides de l'Etat. Les parlementaires ont jusqu'à la fin de l'année pour inverser la tendance.
Edit du 12 décembre, 9 h : Le Sénat, lors de la séance du 11 décembre après-midi (vidéo vers 2:00:00), a rétabli les financements du FSDP et du FSER aux niveaux de 2025. Pour le FSDP, le rapporteur avait émis un avis favorable, mais le Gouvernement, par la voix de Rachida Dati, a émis un avis défavorable.Pour le FSER, 15 amendements quasi similaires avaient été déposés, la commission et le Gouvernement aveint démis un avis favorabel. Reste à voir si l’Assemblée nationale, dans son vote final, ira dans le même sens.

Le  projet de loi de finances (PLF) pour 2026 pourrait impacter lourdement la santé déjà très fragile des médias locaux. Une des aides capitales pour eux, qui permet notamment de moderniser l’outil technologique, risque de voir son montant divisé par deux lors du vote du budget par les chambres parlementaires, d’ici à la fin de l’année.

Le Fonds stratégique pour le développement de la presse (FSDP) est en effet utilisé depuis longtemps par les éditeurs qui apportent de nécessaires améliorations au sein de leur rédaction. « Ce sont par exemple, pour la presse hebdo régionale« , confirme Fabrice Audouard, à la tête du cabinet FA Presse et Conseils, « des services de mises en page automatisée, la modernisation de sites internet ou encore des conseils pour le développement des titres. » Et, par le passé, nombre de titres locaux ont reçu un sérieux coup de pouce financier via ce fonds. On retrouve, par exemple, parmi les bénéficiaires de l’exercice 2024 (ceux de 2025 n’ont pas encore été publiés par le Ministère de la Culture), les hebdos Mediabask (72896 €), Haute Saintonge (13723 €), L’Echo d’Ancenis et du Vignoble (41067 €), le quotidien les Dernières nouvelles d’Alsace (52039 €) ou encore le journal néocalédonien La Voix du Caillou (1,5 M€) qui avait trouvé là un moyen de financer en partie son lancement.

Moitié moins d’aide

Mais que l’on ne se méprenne pas : ce fonds est loin d’être un robinet illimité. Bien au contraire. « En 2025, tous les dossiers déposés après le mois de février ont été bloqués, faute de fonds« , assure Fabrice Audouard. Autant dire qu’il fallait être rapide pour espérer un financement. Et, en conséquence, une énorme quantité de demandes d’aides sont restées pour l’instant lettre morte.
Cela veut-il dire qu’elles seront prioritaires lors de l’arrivée de nouveaux fonds ? Difficile de le dire, d’autant plus que la réouverture de la plateforme pourrait avoir lieu d’ici la fin de l’année, source d’un nouvel embouteillage inextricable, d’autant plus que les fonds seront plus que réduits.

Le projet de loi de finance prévoir en effet de limiter le FSDP aux alentours de 6 M€, soit la moitié de l’enveloppe prévue en 2025 (en 2024, 12866002 € avaient été répartis entre les différents dossiers). Forcément, cette diminution entraîne la fureur des éditeurs qui voient là une espérance d’aide à l’investissement quasiment réduite à néant. Fabrice Audouard conseille toutefois de continuer à préparer son dossier de candidatures. Avec un peu de chance, il passera au travers des coupes budgétaires…

« En 2025, sur les 24,5 millions d’euros de crédits inscrits dans le PLF 2025 pour le FSDP, seuls 9 millions d’euros (en CP) sont effectivement disponibles, soit un tiers des crédits initialement prévus« , regrettait en novembre 2025 le député rapporteur Denis Mességalia, dans un amendement. « Or, le FSDP constitue un outil majeur, et en réalité le seul dispositif d’accompagnement des investissements indispensables à la transition économique, numérique et écologique du secteur de la presse. Cette diminution de crédits intervient à un moment où la presse doit relever de nombreux défis : modernisation de ses outils, développement de nouveaux formats, adaptation aux pratiques de lecture numériques, le tout dans un contexte de baisse des revenus et de concurrence accrue des Gafam et des nouveaux acteurs de l’IA générative. »
« Rehausser les crédits du FSDP permettra de maintenir un soutien effectif à la transformation des titres de presse et de garantir la pérennité du pluralisme de l’information »,
tentait-il dans cet amendement visant a remettre le FSDP à son niveau d’antan. 

Remonter le FSDP à 24,5 M€, personne n’y croit. Mais au moins le resituer à son niveau réel de 2024 permettrait de continuer à améliorer les équipements, notamment en investissant dans l’IA, pour tenter de revenir dans la course. Les députés et sénateurs ont désormais eux seuls le pouvoir de le faire.

Les radios associatives en sursis

Mais ces mêmes élus ont également le sort de centaines de radios locales associatives dans leurs mains. Le Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER) est également toujours menacé. Il n’atteindrait en effet qu’un peu plus de 19,5 M€ (au lieu de 35,3 M€ en 2025). Un coup de ciseaux qui avait déjà été tenté en 2024 mais sur lequel les parlementaires étaient finalement revenus. Reste à savoir s’il suivront désormais l’avis du rapporteur spécial qui demande au gouvernement de revenir en gestion sur cette baisse, qui mettrait en péril de très nombreuses stations locales dépendant exclusivement de ces aides publiques.
« L’engagement a été tenu l’année dernière, ce sera encore le cas en 2026« , lançait aux sénateurs la ministre de la Culture Rachida Dati le 28 octobre 2025 lors du débat sur le budget alloué pour la culture dans le projet de loi de finances 2026. Chacun espère que sa parole sera respectée…

Laurent Brunel

Contact

Recevez les news de l'info locale

directement par mail