La page d’accueil est désespérément bloquée sur un article daté du 1er octobre, et seules les dernières publicités fournies par Google animent l’écran… C’est fini pour Aqui !, le pure player d’information régionale du Sud Ouest, suite à la liquidation judiciaire, le 2 octobre 2024, de Keyop Média, la société éditrice. En quelques instants, l’aventure débutée 17 ans plus tôt a connu son terme, laissant sur le carreau l’équipe du média, soit cinq personnes dont deux journalistes, auxquels il faut ajouter un pigiste.
Nos confrères de Rue89 Bordeaux (article réservé aux abonnés) expliquent que Solène Méric, la rédactrice en chef d’Aqui ! N’a même pas pu poster un message expliquant la situation aux lecteurs, le verdict du tribunal ayant un effet immédiat. Et personne dans l’équipe, mis à part le président « et actionnaire de référence » de Keyop Média, n’était au courant de la situation économique du pure player.
Ce dernier était en effet largement déficitaire, avec 50000 euros d’arriérés de paiement à l’Urssaf, mais aussi d’autres dettes, selon la rédactrice en chef et Rue89 Bordeaux.
Pour faire face aux difficultés financières, le directeur de la rédaction avait été licencié en début d’années, et le site cherchait à se diversifier avec notamment de la production de contenus, piste qui n’a visiblement pas porté ses fruits.
Il avait également pu bénéficier l’an dernier des aides à la presse versées par l’Etat, soit près de 225000 €, dont les trois quarts provenant du fonds stratégique pour le développement de la presse, et près de 40000€ pour l’aide au pluralisme. Des sommes pourtant conséquentes.
Un site lancé voilà 17 ans
Aqui ! avait été lancé en 2007 par Joël Aubert, ancien directeur de la rédaction de Sud Ouest. A son décès, en décembre 2021, il avait été repris par Guillaume-Olivier Doré suite à une décision du tribunal de commerce, pour un euro symbolique. Au sein du groupe Keyop Média, il publiait Say (un magazine économique en 2021), Finances mag (depuis 2015 et jusqu’en septembre) et donc Aqui !.
Le pure player du Sud-Ouest avait tenté en 2015 de lancer une version payante, Aqui-Bordeaux-Métropole. En vain. Il se finançait désormais avec la publicité et des contenus sponsorisés. Selon la désormais ex-rédactrice en chef, le site comptait environ 200 000 pages vues chaque mois.