Article initialement publié le vendredi 13 juin 2025 dans PHRases direct.
Bip ! » Camille appuie sur la télécommande. Une fois les sujets attribués, les journalistes se téléportent de la conférence de rédaction à leur bureau. Le 13 juin 2075, elle couvrira la manifestation des influenceurs sur les Champs-Élysées avec Anaëlle, l’avatar virtuel des vidéos de l’hebdo La Seine asséchée.
Chapitre 1 : journalistes locaux et outils du futur
Elle propose à l’hologramme de se répartir les tâches. « Tu t’occuperas des vidéos sur les 53 réseaux sociaux et on publiera des articles en live grâce au carnet volant 3000. » Cet outil dernier cri enregistre les conversations, les trie et rédige en direct. L’écran transparent et lumineux se double d’intelligence artificielle. Les journalistes emmènent ce deuxième cerveau rédactionnel au tribunal, en manifestation… « T’es le meilleur, UltraChatGPT (la 168e version de l’ancêtre de l’IA) serait jaloux », lui confie-t-elle. Le robot, flatté, vire au rouge et se remet au travail. « Allez, viens en reportage avec moi. » Camille saisit son manteau, le carnet volant 3000 lévite jusqu’à la voiture.
Chapitre 2 : une diffusion par drones
Une flopée de drones frôle le dessus de leur tête. Ils se posent en stationnaire quelques mètres plus loin, avant de récupérer les journaux tout juste sortis de l’imprimerie. Le bruit des moteurs chauds rime avec celui des rotatives, qui se rechargent elles-mêmes en électricité depuis quelques mois. L’idée d’un ingénieur français, inventeur de l’énergie infinie. Le néo-imprimeur lance les journaux aux drones, qui s’en saisissent à la volée et s’élèvent jusqu’aux nuages. Aucun risque pour ce papier hyper résistant lors d’un voyage dans le ciel : il est imperméable et indéchirable.
Chapitre 3 : du papier pour éviter l’écran
Rapide comme l’éclair, l’un des drones toque déjà à la porte d’Isabellax. Avec ses pattes métalliques, il lui tend la livraison… et repart en trombe. Isabellax esquive le coup de vent, attrape le journal et ferme la porte. Elle s’assoit à côté de MaAark sur le canapé, son casque audio sur les oreilles. « C’est pratique pour éviter la lumière bleue des écrans, ce papier connecté. En plus, il se met à jour en continu. » Les vrais imprimés, très vintage, ont ciblé un public aisé et branché, un peu comme les disques vinyles qui avaient retrouvé une nouvelle vie au début du XXIe siècle…
Chapitre 4 : l’odeur de l’info
Isabellax navigue entre lectures d’articles, résumés par l’intelligence artificielle, podcasts et vidéos avec ses doigts. Pour une immersion maximale, elle préfère les reportages. En 2075, odeurs et sons enregistrés par les journalistes se dégagent directement du papier. Elle se passionne pour le nouveau restaurant de son quartier et se révolte contre une pollution au lithium de soucoupe volante dans la rivière.
Un clic ici, un clic là. Grâce à l’espace commentaire sur chaque page, elle discute parfois avec les journalistes et les autres lecteurs. Et qui en est à l’origine ? Camille. Il y a quelques années, elle a rêvé de cet espace démocratique et modéré (contre le racisme ou le sexisme par exemple) pour renouveler la confiance entre citoyens et médias.
Chapitre 5 : pushs et puces
Soudain, le couple tressaille. « Aïe ! MaAark, il faut qu’on re-paramètre les notifications push sur nos puces. Ces décharges électriques dans le cou, c’est désagréable. » Connectée au cerveau, la puce leur a transmis la dernière info : l’Assemblée Nationale Intergalactique (ANI) a voté l’interdiction des danses Tik Tok en classe de maternelle. Sous leurs yeux, la une du journal change, en parallèle du web. MaAark s’y rend pour lire… ou plutôt regarder le dernier article sur la décision de l’ANI, traduite en langue des signes par Anaëlle, l’avatar virtuel. Il regarde Isabellax et lui murmure avec le sourire : « Tu te rappelles de ma tante malvoyante ? Grâce aux tablettes en braille, elle va enfin pouvoir lire les comptes-rendus de la Fête du slip connecté. »