Le petit canard jaune, emblème depuis des années de la Gazette de Montpellier et de celle de Nimes, va changer de mare, économiquement parlant. Le titre, porté par la Saga (Société anonyme des gazettes associées) va en effet prochainement passer sous un statut coopératif, et plus précisément une SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif). Les explications avec Jean-Baptiste Decroix, directeur du média.
PHRases : Pourquoi changer de structure administrative ?
Jean-Baptiste Decroix : La Gazette est toujours la propriété de ses fondateurs, Pierre Serre et Henri-Marc Rossignol, qui prennent de l’âge et arrivent largement à celui de la retraite. Se pose donc depuis quelques temps la question de la transmission. Ils tiennent à ce que le média reste dans les mains des journalistes. D’où l’idée de passer sous un statut coopératif.
Pourquoi alors choisir une SCIC plutôt qu’une Scop (Société coopérative et participative) « classique » ?
On n’est pas des spécialistes, et on s’est donc renseignés depuis ces deux dernières années. La SCIC nous permet d’ouvrir le capital à d’autres personnes de l’extérieur, dont des lecteurs. Et tous les coopérateurs pourront participer aux grandes décisions du média, aux choix stratégiques.
Au delà, cette solution nous permet aussi de garder l’indépendance du journal, ce qui est une priorité absolue, et de faire entrer ceux qui croient dans notre entreprise, sans en changer la gouvernance.
Concrètement, que faire pour devenir coopérateur ?
Le ticket d’entrée est de 1000 € au minimum, et c’est ouvert aux particuliers comme aux entreprises. Avec une particularité : les apports bénéficient d’une défiscalisation à hauteur de 50 % pour les particuliers et de 25 % pour les entreprises, ce qui est une disposition spéciale réservée aux entreprises de presse.
Trois semaines après le premier appel, quels sont les résultats ?
Nous avons déjà eu pas mal de réponses, pratiquement une centaine de personnes se sont dites intéressées et ont demandé le dossier de souscription.
Et combien en espérez-vous ?
Un maximum ! Dans l’idéal, il faudrait arriver à un capital de 500 000 €. Mais il est difficile de savoir quel niveau va atteindre la participation. De toute manière, l’opération va durer encore pas mal de temps. Nous allons organiser des réunions d’information, nous sommes également accompagnés par des juristes qui vont travailler avec les salariés mais aussi le grand public qui a plein de questions. Nous n’avons pas le couteau sous la gorge, mais je pense que tout se fera courant 2025.
La presse locale, dans son ensemble, connaît des difficultés. Qu’en est-il de la Gazette ?
Nous avons la chance d’avoir une baisse de la diffusion assez limitée, de l’ordre de 0,9%, contre 5 à 8% pour la plupart des titres de PHR, ce qui est important. Mais cette diffusion relativement haute ne doit pas cacher que les temps sont durs financièrement, car les budgets publicitaires sont difficiles à obtenir depuis le Covid. Les entreprises vont mal, et le premier poste qu’elles réduisent souvent, c’est la publicité, et on en est les victimes. Sans oublier la concurrence des plateformes comme Meta ou Google…
Vous avez aussi un des plus beaux outils de diversification de la presse locale, le Gazette Café…
C’est un lieu primordial en terme d’image et d’animation. C’est situé en plein centre-ville à deux pas de la gare, et ce lieu attire beaucoup de monde, les gens y vont facilement. Par contre, ce sont deux sociétés distinctes..
Laurent Brunel
Si vous êtes intéressés par l’accès à la coopérative, contactez la Gazette de Montpellier en suivant ce lien.
