Qui, dans le monde des médias, sera impacté par le budget 2026 ? Alors que les premières discussions ont débuté ce lundi 20 octobre en commission des finances, il est intéressant de réaliser un petit tour d’horizon des mesures susceptibles d’être prises. Ou débattues. Ou amendées…
La niche fiscale des journalistes rabotée (pour les très hauts salaires)
C’est le serpent de mer de toutes les discussions sur le budget : faut-il ou non supprimer les niches fiscales, et parmi elles, celle qui concerne directement les journalistes ? Ce dispositif, créé voilà quasi un siècle pour tenir compte des frais professionnels spécifiques à la profession, a largement été remanié en 1998, date à laquelle il a été décidé que les « journalistes, rédacteurs, photographes, directeurs de journaux et critiques peuvent déduire forfaitairement 7 650 euros de leurs revenus imposables, au titre des « allocations pour frais d’emploi » destinées à couvrir les dépenses inhérentes à leur profession, sous certaines conditions de revenus« . Un dispositif chiffré à environ 50 millions d’euros par an.
Le député EPR du Maine-et-Loire Denis Masseglia a déposé un amendement permettant de rabaisser le plafond de revenus en dessous duquel les journalistes pourront bénéficier de cette exonération. Il serait dorénavant fixé à 3,5 fois le montant annuel du SMIC brut (soit à peu près 75700 € actuellement) au lieu de 93510 € actuellement (un plafond fixé en 2019).
Cette mesure est plus que symbolique, et l’économie engendrée sera plus que relative, au vu des salaires des journalistes en PHR ou en PQR qui sont vraiment très loin des 3,5 SMICS, la fourchette actuelle étant plutôt d’un peu plus d’un SMIC à deux fois ce salaire minumum.
Aides à la presse : – 11 millions d’euros
Du côté des aides à la presse, qui représentaient environ 187 M€ en 2025, la baisse inscrite au PLF est juste en dessous des 6%. Parmi les postes touchés, figurent la distribution postale, avec un peu plus de 4 M€ d’économies (sur 65 M€ environ), une mesure qui affecte directement les titres de PQR et de PHR. Les aides liées au portage seront par contre maintenues à taux égal.
L’aide de la distribution au numéro sera elle augmentée, en proportion quasi équivalente de la baisse des aides postales.
Enfin les aides au pluralisme (23,2 M€ en tout) sont maintenues. Elles concernent les nationaux disposant de faible ressources publicitaires (L’Humanité, La Croix…), mais aussi les publications ultramarines (pour 2 M€) ou locales (pour 1,5 M€). De même, l’aide prévue en soutien aux médias de proximité (1,8 M€ en tout) est reconduite à l’identique.
Un relèvement de la taxe sur les GAFAM
Si les politiques sont à couteaux tirés sur les plateaux de télévisions, ils savent travailler en bonne intelligence quand les caméras sont éteintes… Ainsi, la Correspondance de la Presse a relevé dans son édition du lundi 20 octobre 2025 que le groupe La France insoumise NUPES a déposé un amendement visant à augmenter le taux de la taxe sur les services numériques (TSN). Une taxe qui vise directement les GAFAM (Google, Meta, Amazon…), qui seraient obligé de financer de manière plus conséquente l’Etat et la transition numérique. L’objectif est de renforcer la contribution des grandes plateformes, telles que Google, Amazon ou Meta, au financement de l’Etat et à la transition numérique. Une manière de taxer plus fortement ces géants du numérique sur les immenses profits, notamment publicitaires, réalisés en France.
Le groupe de gauche demande que cette taxe soit portée de 3 à 15%… soit exactement le même taux que celui demandé dans un autre amendement porté par Denis Masseglia, rapporteur spécial du budget de la mission
« Médias, livre et industries culturelles », et qui lui est élu au sein du groupe EPR, autrement dit Renaissance !
A noter qu’à l’inverse, le Rassemblement national a déposé un amendement en faveur des géants de l’internet, visant à abaisser la taxe dite « streaming » et dont les fonds sont destinés au Centre national de la musique (CNM). Le parti voudrait réduire cette taxe de 21 à 8 M€…
Mise à jour du 23/10/25, 9 h 10 : cet amendement a été adopté à une très large majorité le mercredi 22 octobre en commission des finances.
Les radios associatives en grand danger
Mais le plus grand danger pour les médias locaux dans ce PLF concerne les radios associatives locales. Le Fonds de soutien à l’expression radiophonique locale (FSER) pourrait plonger de 35,3 à seulement 19,6 M€. Une coupe drastique qui faisait dire à Jean-Marc Courrèges-Cénac (co-président des Locales) dans nos colonnes qu’il s’agit « d’une véritable mise à mort » risquant d’engendrer la disparition de centaines de radios locales associatives en France.
Toutes ces propositions et les amendements seront discutés par la commission des finances, avant de passer devant les parlementaires.