Ras-le-bol des médias : on fait quoi, maintenant ?

Depuis le Festival de l'info locale 2025. Anxiogène, déprimante, surabondante... : au lieu de susciter de l'intérêt et de la curiosité, l'info devient un repoussoir pour bon nombre de Français. Mais comment lutter contre ce phénomène, surtout dans les médias locaux ?

Ras-le-bol des médias : on fait quoi, maintenant ?

Depuis le Festival de l'info locale 2025. Anxiogène, déprimante, surabondante... : au lieu de susciter de l'intérêt et de la curiosité, l'info devient un repoussoir pour bon nombre de Français. Mais comment lutter contre ce phénomène, surtout dans les médias locaux ?

Cela affecte mon humeur« , « Je suis noyé sous le volume d’infos », « trop de guerre et de négatif« , « un sentiment d’impuissance face aux infos« … Les usagers des médias ne manquent pas d’arguments pour expliquer la rétiscence de plus en plus croissante, à s’informer. Alors, quelles solutions face à ce « ras-le-bol » de l’info ? Quelques pistes de réponses évoquées lors du grand débat du FIL.

• « La fatigue informationnelle s’est installée dans le grand public« , constate David Medioni de la fondation Jean-Jaurès. Certains ne s’informent plus du tout, et n’en ressentent plus le besoin. D’autres demandent à lire une « vérité alternative » face à celle proposée par les médias classiques. 

• « Quand on ne se sent pas entendu, on crie« , affirme Nina Fasciaux (Solutions journalism network. « Les journalistes loupent parfois des enjeux de société qui se déroulent sous nos yeux. Ce qui induit des décrochages et des réactions fortes de la part du public. » Elle propose une alternative : le journalisme de solution, qui peut être plus proche des attentes du public.

• « Il faut que l’information concerne les gens« , assure Samuel Petit (Le Télégramme). « Les médias recopient l’info qui circulent partout pour rechercher des audiences. Au Télégramme, on essaye de ne pas faire cela : dans nos 200 articles les plus vus, une dizaine de parlent pas de la Bretagne. Il faut donc arrêter cette course à l’échalote, qui est mortifère. Il faut faire du local, car c’est ce que les gens attendent de nous. »

• « En postant des vidéos sur Youtube en son nom, ça change tout« , complète Charlotte Vautier (OK Charlotte sur YouTube). « On a de vrais discussions avec ceux qui vous suivent. Le format -long- permet une grande liberté de ton et de laisser vraiment parler les gens que j’interroge.« 

• « Il faut regagner de l’air et ralentir le temps« , note Samuel Petit. « On doit vivre dans le monde tel qu’il est, mais, malgré tout, il faut rajouter du temps long, en optimisant celui de la réflexion, de la valeur ajoutée.« 

• « Le superpourvoir des médias locaux, c’est le lien direct avec le public« , argumente Nina Fasciaux. « Il y a un rôle social que les médias doivent embrasser. Nous sommes des intermédiaires entre différents pans de la population, entre elle et les pouvoirs publics. Il faut dire à ce public qu’il est important, qu’il compte. »

Etude co-réalisée par la Fondation Jean-Jaurès, L’ObSoCo et Arte, fin 2024.

• « Si on n’a pas de confiance dans un média, il est difficile d’informer« , rajoute Samuel Petit. « Il faut avoir une fierté de son travail de journaliste, de la marque pour laquelle on travaille. La notion de tiers de confiance et de la qualité de l’information est donc essentielle.« 

• « Les marques médias n’ont plus la relation privilégiée avec le public« , note David Medioni. « A la place, ce sont les podcasteurs ou des influenceurs qui l’ont récupéré. Il suffit de voir comment les Américains se sont informé avant les élections présidentielles : principalement via un podcasteur proche de Trump.« 

Le prix et la valeur de l’info

• « Revalorisons ce que l’on produit à la lumière de nos valeurs humaines : le lien, l’écoute« , affirme Nina Fasciaux. « En parallèle, il faut une vraie éducation aux médias, pour connaître le prix d’une info et sa valeur. Un effort de transparence est nécessaire de la part des journalistes pour expliquer comment ils créent et transmettent une information. C’est essentiel pour rétablir la confiance

• « Les formats permettent de lutter contre cette fatigue informationnelle« , note David Medioni. « Parmi les formats plebiscités figurent la Matinale du Monde, avec son aspect très Tinder, ou le 1, très ludique dans sa lecture. »

• « Le mot audience n’est pas un gros mot« , complète Samuel Petit. « Il faut que l’on soit lus, écoutés, ou vus. On a besoin de cette audience car on a besoin de revenus, que le public paye l’information. Les gens n’ont plus l’impression de payer l’information : la télévision est gratuite, car même la redevance a disparu. Et il faudrait que les médias soient gratuits ? Cela veut dire qu’il faudra rapidement  réduire drastiquement le nombre de journalistes. » Quitte à perdre très vite son rôle de média…

Compilé par Laurent Brunel

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