L’Observateur est le premier journal de PHR à obtenir la certification JTI, aux côtés d’une poignée de médias comme France TV, TF1 ou le groupe EBRA : qu’est-ce que cela vous fait ?
Déjà, c’est un grand soulagement. C’était un gros boulot pour monter tout le dossier. On s’y est mis à plusieurs pour, premièrement, rédiger et mettre en ligne la charte éthique. On avait quelques documents en interne, mais ils n’étaient pas suffisamment détaillés pour répondre aux attentes. Et puis, quelque part, je ne vais pas dire que c’est une fierté, mais c’est une satisfaction de voir ce travail aboutir : ça a été huit mois de boulot, quand même.
Quand avez-vous obtenu la certification ?
Le 6 novembre. On avait commencé les démarches en début d’année.
Justement, une fois la demande formulée, quelles ont été les étapes jusqu’à l’obtention ?
On a commencé par remplir un rapport de transparence. C’est un QCM auquel il faut répondre par oui ou non. On peut donner des précisions sur la manière dont travaillent les journalistes ou sur l’indépendance du média par rapport au pouvoir financier, par exemple. Il y a environ 130 questions. Ensuite, à partir de ce rapport, on travaille les points sur lesquels on doit s’améliorer pour répondre aux attentes du JTI.
Qu’avez-vous dû améliorer ?
Principalement, la manière dont on traitait nos sources. Nous n’étions pas suffisamment précis. Il fallait qu’on prouve qu’on utilise des sources sûres puisque le JTI, c’est une norme de confiance. Pour que cette confiance soit effective, il faut qu’on s’appuie sur des sources qui, elles-mêmes, sont de confiance. Je ne dis pas que ce n’était pas le cas. En fait, elles n’étaient pas suffisamment mises en avant dans nos articles. Par exemple, on citait des chiffres sans dire d’où ils venaient.
Et ensuite ?
Ensuite, on est soumis à un audit externe. RSF sélectionne plusieurs cabinets d’audit. Nous, on a choisi le cabinet ABC, basé en Angleterre. Nous avons eu plusieurs échanges en visio. Ils nous ont demandé des preuves de ce qu’on avançait dans notre charte. Ils insistent beaucoup sur le contrôle interne, pour s’assurer que ce qui est mis en place par la charte soit respecté. Il faut aussi apporter des preuvres sur le fait qu’on ne recevait pas d’argent d’organismes financiers qui pourraient influencer notre façon de travailler. Tout ça a abouti à la labellisation.
C’était des mois assez intenses, peut-être même stressants ?
Stressants, non. Mais ça a été beaucoup d’allers-retours entre le cabinet et nous. Ça nous a demandé pas mal de temps. Nous étions quatre à travailler là-dessus, il y a un gros boulot.
Il faut répondre à une centaine de critères pour l’obtenir. Lesquels, par exemple ?
Le plus important, c’est de prouver que nos journalistes travaillent en totale indépendance et que le média lui-même est indépendant. Notre travail n’est pas dicté par des personnes ou des entreprises auprès desquelles on devrait rendre des comptes. On doit aussi montrer qu’on collecte nos informations et qu’on les vérifie de manière sérieuse.
Maintenant, y a-t-il des règles à respecter ? Peut-on perdre la certification ?
Le label est valable deux ans. Dans deux ans, on sera soumis à un nouvel audit. On doit s’astreindre à respecter tout ce à quoi on s’est engagé. D’autant plus que les normes, ça évolue régulièrement ! Il y a de fortes chances qu’il y ait de nouveaux éléments demandés d’ici là. Pour le moment, c’est à nous de nous contrôler en interne. J’ai notamment une grille à partir de laquelle je m’assure que ce qui est publié répond aux attentes.
190 ans d’infos locales dans l’Avesnois
L’hebdomadaire régional est né en 1834 à Avesnes-sur-Helpe (Nord). Au total, 22 journalistes travaillent dans les neuf éditions implantées dans le Nord, le Pas-de-Calais et l’Aisne. Chaque semaine, 35 000 exemplaires en moyenne sont diffusés pour l’ensemble des neuf titres. Aujourd’hui, 10 300 lecteurs sont abonnés, print et web confondus, à l’un des titres.
C’est une certification qui reconnaît la qualité de votre travail. Est-ce qu’elle s’accompagne, par exemple, d’une aide ou d’une récompense financière pour le journal ?
RSF propose une petite aide pour financer l’audit. Elle est évaluée selon le nombre de titres.
Concrètement : que change cette certification pour L’Observateur ?
Ça oblige nos journalistes à être très, très sérieux. A priori, le travail est bien fait puisqu’on n’a pas trop de demandes de rectifications. Mais maintenant, il faut être encore plus rigoureux : veiller à ce que les sources soient bien citées, que l’équité soit respectée, que des parties mises en cause puissent réagir. Quand il faut aller vite, on peut laisser des choses de côté : là, vraiment, ça nous oblige.
Ça change aussi en termes d’image. Certains annonceurs, nationaux surtout, sont de plus en plus soucieux de l’éthique des médias par lesquels ils passent pour communiquer. Ils veillent à ce que les lecteurs aient confiance dans le média auprès duquel ils vont publier un encart publicitaire.
Enfin, ça change pour le lecteur. La charte est accessible au public : chacun peut lire ce à quoi nous nous engageons. Si les lecteurs estiment qu’il y a une entorse à la charte, ils peuvent le faire savoir à travers un formulaire. Cela peut être pour signaler une erreur dans un article, demander qu’un nom soit supprimé en faisant valoir la clause qui régit les données personnelles : tout un ensemble de choses.