Pourquoi créer ce modèle ?
Les internautes ne comprennent pas le financement des médias. Une personne sur deux ne fait aucun lien entre la gratuité et la pub. Aujourd’hui, on utilise une stratégie de masse : on envoie un maximum de publicité pour toucher un seul utilisateur. Cela a de gros effets collatéraux. Par exemple, si je vous dis “Carglass”, vous me répondez ? “Carglass répare. Carglass remplace.” Il reste quelque chose de cette pub mais pas forcément du positif. Dans la massification, il y a un effet catastrophique pour la marque. C’est agressif, massif et intrusif, donc pas efficace.
L’advertpayment est une solution propre à l’utilisateur à un moment où il est bloqué face à un paywall.
Concrètement, ça donne quoi ?
On présente une publicité à l’internaute afin de regarder son contenu lorsqu’il est bloqué face à un paywall. Il a le choix entre trois sponsors. Il est donc plus intéressé car c’est lui qui choisit quelle pub il va regarder. Il visionne la publicité de trente secondes et on facture à l’annonceur la publicité quand elle est entièrement visionnée.
Pourquoi l’advertpayment est un modèle plus rémunérateur en général ? Et en particulier pour la presse locale ?
À partir du moment où l’utilisateur est d’accord de regarder la pub, la personne va accorder une attention totalement différente de celle qui va lui sauter à la figure. L’attention qui est captée est incroyablement supérieure. De plus, la présentation est sur 100 % du pixel pendant trente secondes contre 50 % pendant deux secondes habituellement. C’est une autre histoire pour l’annonceur, c’est très intéressant. Le principe est plus respectueux de l’utilisateur (que la stratégie de masse, NDLR), donc, on peut facturer plus cher que les autres publicités. Le titre national Les Échos vend ses pubs 15 € CPM* en moyenne (sans advertpayment). Toujours à l’échelle nationale, Viewpay gagne entre 35-40 € par pub. Très intéressant, à l’échelle locale le groupe Sogemedia vend ses pubs cinq à dix fois plus cher grâce à l’advertpayment.
Comment réinventez-vous la publicité avec ce nouveau modèle ?
L’advertpayment est proposé aux lecteurs quand il est bloqué. Là, on respecte l’utilisateur car il a le choix de regarder la publicité. Les internautes comprennent le modèle économique et le besoin des éditeurs de percevoir un revenu. Ils voient que la publicité est un paiement intermédiaire et ils comprennent que l’annonceur va payer à leur place. C’est beaucoup mieux perçu. C’est un cadeau. Et si elle est acceptée, elle est efficace.
En moyenne, 30 % des internautes vont regarder la publicité. C’est-à-dire que la moitié des internautes ne sont même pas prêts à regarder une publicité pour consommer un contenu, alors imaginez l’abonnement… Quand on ne peut pas s’abonner et regarder le contenu, on va chercher l’information ailleurs. C’est néfaste pour l’éditeur et son image de marque.
Philomène Coppey-Dey
*Coût pour mille : c’est une unité de mesure pour les supports publicitaires. Il est utilisé dans l’élaboration d’un plan média (coût de l’insertion x 1 000 / audience totale).
