Avec les réseaux sociaux, des deepfakes* et une intel- ligence artificielle toujours plus performants, l’éduca- tion aux médias est, plus que jamais, indispensable. Aujourd’hui, elle se fait surtout dans les classes, de la primaire à la terminale, pour aborder le sujet dès le plus jeune âge. « Ce genre de dispositif est nécessaire pour sensibiliser les jeunes bombar- dés d’informations, surtout qu’ils sont souvent sur les réseaux sociaux. On dit souvent que notre génération devient comme celle de nos parents, qui ont tendance à se partager des fake news sur WhatsApp », estime Camélia Kheiredine.
Journaliste chez France Télévisions, elle intervient régulièrement auprès des élèves dans les classes des milieux populaires pour parler de son parcours dans le journalisme. « Les médias font partie intégrante de la vie, donc c’est important de savoir faire le tri entre ce qui est une information et ce qui ne l’est pas. Mais pouvoir faire la distinction, ce n’est pas inné. »
Tous gagnants
L’éducation aux médias n’est pas seulement bénéfique aux jeunes, elle est aussi un levier pour les médias qui la pratiquent : « Cela offre une énorme opportunité financière. On est dans un monde où les jeunes ne sont plus du tout confrontés au journal en format papier, notamment pour les titres de PHR. Venir au contact d’un nouveau public permet d’exister dans le paysage, en créant des rencontres entre les professionnels et des gens de tous les horizons. Cela peut également susciter de l’in- térêt et une meilleure connaissance du monde de la presse », détaille le directeur général de l’Association pour l’éducation aux médias (APEM), Étienne Millien.
Éduquer les jeunes sur la question permet aussi de défendre la valeur ajoutée de l’information quand elle est traitée par un journaliste. Ces avantages, Camélia Kheiredine les observe également : « Les jeunes sont très intéressés par l’envers du décor et cela peut même faire naître des vocations. Aller à leur rencontre permet d’établir une relation de confiance, alors qu’aujourd’hui elle est assez conflictuelle, car les médias ont du mal à traiter correctement les sujets qui les touchent. Les rédactions ont tout à y gagner et les jeunes aussi. »
Le Pass Culture, une opportunité en or
Depuis l’arrivée du Pass Culture, les collégiens et lycéens, de la quatrième à la terminale, peuvent bénéficier d’une somme de 20 à 30 euros selon leur âge, et débloquent 300 euros à leurs 18 ans. Mais ce n’est pas tout : grâce au pass, les établissements disposent d’un budget établi en fonction du nombre d’élèves. 25 euros par tête pour les élèves de quatrième et de troisième, 30 euros pour ceux en seconde et en CAP, et 20 euros pour les élèves de première et de terminale.
Cet argent peut être utilisé par les professeurs pour emmener leurs classes au musée, recevoir des artistes, mais aussi pour accueillir un professionnel apte à enseigner l’éducation aux médias. Une véritable opportunité pour ces derniers de se valoriser auprès des jeunes, et d’intéresser de potentiels futurs lecteurs.
Léa Lemaire
* Cette technique reposant sur l’IA permet de modifier et truquer des fichiers audio et vidéo.